
La lecture du Grand Pouvoir du Chninkel, une quête initiatique en bande dessinée, ouvre le champ de bien des interrogations. L’oracle, une femme en l’occurrence, que vient consulter le héros, ne peut énoncer des prophéties qu’en état de plaisir ! C’est par l’orgasme que ses visions surgissent… L’orgasme pourrait-il être une voie d’expansion de la conscience ? Et si c’était la raison pour laquelle on l’appelle aussi la « petite mort » ? Les liens entre la sexualité et la spiritualité ne datent pas d’aujourd’hui ; les textes anciens, et tout particulièrement le Kama-sutra, évoquaient déjà cette particularité. Toutefois, ils semblent avoir été relégués au fin fond de notre mémoire. Pour mieux comprendre les enjeux autour de l’orgasme, tournons-nous vers la psychanalyse. L’orgasme, du grec orgân, qui signifie « bouillonner d’ardeur », est au cœur des recherches de Wilhelm Reich, suscitant à la fois la surprise et les sarcasmes de Freud. Si le célèbre psychiatre viennois a bel et bien amorcé la révolution sexuelle dont nous sommes témoins, en théorisant la nécessité de l’acte sexuel pour notre équilibre, l’orgasme en revanche lui a toujours semblé un phénomène secondaire de « décharge ». Sans grande importance, donc. Résolument à contre-courant de cette pensée, Reich soutient que « la satisfaction orgastique évite la névrose, à une condition toutefois, le total abandon de soi ». En d’autres termes, « un orgasme réussi ne se réduit pas à la seule zone des organes génitaux, mais s’étend à tout l’être, grâce notamment à la dissolution de la conscience, condition de la décharge complète des tensions ». L’orgasme constituerait alors une expérience extatique. …